L’article « la lecture sur papier est plus efficace que la lecture sur écran », publié en 2009, dans le journal Actualité, est une synthèse des propos tenus par Thierry Baccino, Professeur de Psychologie et Directeur scientifique du Laboratoire des Usages en Technologies de l'Information Numérique de l’Université Paris VIII (LUTIN), lors d’une émission radio sur le thème « la lecture change, nos cerveaux aussi ». Cet article ne présente seulement qu’une partie des résultats des travaux scientifiques menés sur l’impact et les enjeux de la lecture sur supports numériques sur nos processus cognitifs, sur notre comportement de lecture, et sur le devenir du livre-papier. La présentation incomplète et trop succincte de ses arguments accompagnée de plusieurs limites méthodologiques ne nous permettent pas de conclure, de manière systématique, qu’un type de lecture serait plus efficace qu’un autre. Or, chercher à savoir dans quelle mesure pouvons-nous affirmer qu’une pratique de lecture serait plus efficace en privilégiant un certain type de support plutôt qu’un autre, revient à s’interroger si cette activité doit être appréhendée toujours de la même manière en dépit de l’impact d’un nouveau contexte. En effet, en appréhendant le numérique, non pas comme un nième support en concurrence avec le papier, mais plutôt comme une variable de contexte, qui bouleverse la conception traditionnelle de la lecture (intensive vs extensive), la relation au texte (duale vs triangulaire), et les modèles de compréhension élaborés jusqu’à présent, nous incitent à nuancer les propos rapportés. L’activité de lecture considérée comme une expérience autonome, varierait donc selon le type de support utilisé, les objectifs fixés, ou encore le genre du texte. Il y aurait donc autant de types de lectures que de supports, nécessitant alors d’enseigner un nouveau savoir-lire, même auprès des générations native-numériques, de nouvelles compétences ; tel est notamment l’un des enjeux de la littératie numérique.
Tout d’abord, l’interview du philosophe Byung-Chul Han définit le narcissisme contemporain comme un facteur déclencheur à la disparition de la proximité et de l'amitié, particulièrement à travers les outils numériques. Selon lui l'hypercommunication empêche l’épanouissement de réelles relations engendrée par la détérioration d’un lien social devenu vide de sens et superficiel. De plus, il affirme que le capitalisme économique entraîne la disparition des valeurs humaines telles que la solidarité et l’hospitalité. Enfin, il conclut que le sentiment de vide existentiel entraîne un isolement qui peut, à long terme, entraîner des pathologies psychiques.
En mai 2019, l’OMS a ajouté un nouveau trouble à la section sur la consommation de substances et les comportements addictifs dans la dernière version de la Classification Internationale des Maladies : « trouble du jeu » ou « gaming disorder », qu'il définit comme une préoccupation excessive et irrépressible pour les jeux vidéo, entraînant une importante déficience professionnelle depuis au moins 12 mois. La décision de l’OMS a été considérablement contestée, en partie parce que le sens moderne d’« addiction » crée un amalgame mais aussi parce que l’idée que quelqu'un puisse être dépendant d'un comportement, par opposition à une substance, reste controversée. La question se pose alors de savoir s’il existe réellement une addiction au jeux vidéo.
Nous nous sommes demandé au sein de cette controverse, si le numérique était une innovation pédagogique. Pour asseoir nos opinions et mettre en exergue nos différents points de vue, nous avons travaillé sur un article intitulé « le numérique a fait émerger de nouveaux modes informels d’apprentissage ». Le choix de cet article pourrait sembler être en inadéquation avec l’idée d’innovation pédagogique car il est ici question d’andragogie, mais dans le cadre de notre controverse nous n’avons pas cherché à opposer pédagogie à andragogie. Notre controverse nous a amenés à aborder l’apport du numérique en éducation sous trois angles : pédagogique, économique et social. Notre controverse et les chercheurs que nous avons conviés sont encore trop divisés pour nous faire dire de façon catégorique que le numérique est une innovation pédagogique.